Gestion de l'établissement

Compétences numériques des élèves : de quoi parle-t-on ?

Résumé

Dans son article, Jean-Pierre Véran insiste sur la nécessité de dépasser la forme scolaire héritée du dernier siècle en ce qui concerne l’éducation aux médias. Selon lui, le but de l’éducation, à savoir la compétence de lire et critiquer entre autres, n’a pas fondamentalement changé avec le temps, mais il faut toutefois prendre en compte le contexte nouveau dans lequel s’inscrivent ces compétences. En parlant de « l’ère de la médiatisation sans médiation » (p. 70), l’auteur met en évidence le besoin de développer davantage les compétences de maîtrise des langages pour penser et communiquer ainsi que des méthodes et outils pour apprendre. Il souligne pourtant que l’école n’a pas l’unique responsabilité pour le développement de ces compétences chez les élèves.

L’auteur se réfère entre autres sur la note d’information de la DEPP (Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance)[1], qui porte sur « le numérique au service de l’apprentissage des élèves » et qui présente le projet « Collèges connectés », un projet constitué de 23 collèges qui essaient, avec l’aide de partenariats entre l’Etat et les collectivités, d’implémenter davantage le numérique dans les pratiques d’enseignements et dans la vie scolaire. La note d’information de la DEPP présente les premières observations de ce projet et met en évidence, comme le confirme Jean-Pierre Véran dans le présent article, un écart manifesté entre plusieurs domaines de compétences. Ainsi, la compétence à « chercher des informations » est plus développée chez les élèves que la compétence de « critiquer une ressource documentaire » et de « lire ».

Dans un aperçu de la définition des compétences numériques dans d’autres pays, l’auteur nous emmène en Angleterre, où l’objectif principal consiste en la préparation des élèves à devenir des « apprenants confirmés, concentrés, organisées, curieux et sociaux » (p. 71). L’éducation en Corée du Sud met plutôt en évidence la « prise de décision guidée par les données, la résolution de problèmes informationnels, la réflexion informatique et la représentation créative » (p. 71). En Australie finalement, les concepts de l’abstraction, les données, les spécifications, les systèmes numériques, les interactions et les impacts représentent le point central. L’auteur revient par après sur la situation en France, où l’objectif est la « maîtrise de concepts clés des technologies numériques, à travers notamment l’enseignement intégré de science et technologie au collège » (p. 71) En même temps, l’élève est supposé devenir maître de son identité numérique en utilisant progressivement l’internet et les réseaux sociaux tout en tenant compte de ses droits et ses responsabilités et en gardant un esprit critique. La condition pour cet usage est la maîtrise de différents instruments et de différentes méthodes tant pour la recherche que pour la production de contenus. L’auteur regroupe ces objectifs en 3 dimensions (p. 71): (1) « la connaissance critique de l’environnement informationnel et documentaire », (2) « la maîtrise progressive de sa démarche d’information, de documentation » et (3) « l’accès à un usage sûr, légal et éthique des possibilités de publication et de diffusion ».

Pour garantir que les élèves acquièrent les différentes compétences numériques, l’enseignement en France s’appuie sur une approche interdisciplinaire, c.-à-d. que les compétences sont favorisées non seulement en cours d’enseignements disciplinaires et en technologie, mais que des activités relayées à la recherche, à la documentation et à la lecture sont intégrées dans la vie scolaire. Il s’agit de « dépasser les cloisonnements entre champs de savoir » (p. 72). Il faut mettre les élèves au centre de l’apprentissage en leur proposant des activités de production de contenus et en permettant le lien avec les réseaux sociaux et des plateformes collaboratives. De cette manière, ils se rendront vite compte de leur responsabilité et des enjeux liés à l’usage des compétences numériques et à la fiabilité des sources. Selon l’auteur, le développement des compétences numériques est étroitement lié au développement des compétences civiques.

À la fin, l’auteur présente brièvement le modèle des Pays-Bas, qui perçoivent le développement professionnel des enseignant/-es comme priorité pour le développement général du numérique dans les écoles. Il suggère également que les enseignant/-es doivent passer du « maître par nature » au « mentor bienveillant » qui accompagne les élèves dans leurs apprentissages. Finalement, l’auteur met en évidence le poids de la forme scolaire et la capacité de résistance au changement ; en effet dans les écoles secondaires supérieures, l’introduction du numérique s’avère plus difficile que dans l’enseignement primaire et secondaire inférieur.


[1] https://www.education.gouv.fr/media/15197/download

Compétences numériques des élèves : de quoi parle-t-on ?
Jean-Pierre Véran
Véran Jean-Pierre, « Compétences numériques des élèves : de quoi parle-t-on ? », Administration & Éducation, 2015/2 (N° 146), p. 69-74. DOI : 10.3917/admed.146.0069. URL : https://www.cairn.info/revue-administration-et-education-2015-2-page-69.htm
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