Dans cette étude, les chercheurs présentent un aperçu des développements récents en matière d’approches d’apprentissage actif en se concentrant spécifiquement sur la classe inversée et l’instruction par les pair/e/s (Peer instruction). Les auteurs discutent sur deux études de cas de méthodologie d’apprentissage actif, utilisées dans deux programmes de baccalauréat en Macroéconomie et en Chimie. Les deux études sont basées sur une approche de classe inversée, accompagnée d’un processus d’apprentissage actif par l’enseignement par les pair/e/s.
Dans une approche d’enseignement traditionnel, l’enseignant/e est perçue comme une source de connaissances et la personne qui fournit le contenu d’une leçon aux étudiants. Dans ce modèle, le transfert de connaissances repose souvent sur la présentation magistrale du contenu d’une leçon. L’engagement des élèves est par ailleurs souvent limité à un travail individuel ou à des activités en petits groupes conçues par l’enseignant/e ou professeur/e.
En revanche, l’approche de la classe inversée met l’accent sur l’apprenant/e, qui se familiarise avec le matériel pédagogique en dehors de l’école ou avant les heures de cours. Le temps de classe est donc consacré à l’exploration du sujet, aux discussions thématiques et au travail collaboratif. Afin de mieux comprendre le mécanisme de cette approche, les auteurs proposent leur propre définition de la classe inversée.
“L’apprentissage inversé est une approche pédagogique dans laquelle l’instruction directe passe de l’espace d’apprentissage en groupe à l’espace d’apprentissage individuel, et l’espace de groupe qui en résulte est transformé en un environnement d’apprentissage dynamique et interactif où l’éducateur guide les étudiants pendant qu’ils appliquent les concepts et s’engagent de manière créative dans la matière.”
Les approches d’apprentissage actif telles que l’apprentissage par problèmes (problem-based learning) ou l’apprentissage par projet (project-based learning) sont des méthodes efficaces, qui encouragent et stimulent les étudiant/e/s à réfléchir. Cependant, il peut être difficile de mettre en œuvre ces modèles d’apprentissage dans les espaces d’enseignement traditionnels. L’enseignement par les pair/e/s est donc un outil pédagogique précieux et efficace permettant aux enseignant/e/s de mettre en place une approche constructive et engageante.
Plus précisément, au début d’une session, l’enseignant/e teste la compréhension conceptuelle d’un sujet chez les étudiant/e/s au moyen d’une question à choix multiple. À ce stade, chaque étudiant/e doit fournir sa propre réponse, quel que soit son niveau de confiance, afin d’avoir une première immersion dans le sujet. L’enseignant/e, quant à lui/elle, doit veiller à ne pas révéler la bonne réponse mais plutôt à encourager les élèves à discuter de la question avec leurs pair/e/s. À la fin de cette étape, les élèves sont invité/e/s à voter pour la réponse la plus appropriée. L’enseignant/e dirige ensuite la discussion au cours de laquelle l’explication de la bonne réponse est développée.
Les données recueillies dans le cadre de deux études de cas démontrent que l’apprentissage actif est une méthode efficace qui motive les étudiant/e/s. Compte tenu des résultats positifs de cette approche, les auteurs se demandent pourquoi de telles pratiques ne sont pas encore largement adoptées par des écoles et différents programmes éducatifs. Deux obstacles majeurs sont observés : (1) les anciennes attitudes établies des enseignant/e/s, qui considèrent l’apprentissage actif comme une mode passagère et qui résistent à l’innovation dans la pratique de l’enseignement ; (2) l’expérience préalable des étudiant/e/s. En outre, les auteurs soulignent que l’enseignement par les pair/e/s est une approche difficile pour les enseignant/e/s et professeur/e/s, car elle suppose l’abandon d’un rôle de leader et du contrôle. En même temps, elle exige de l’enseignant/e que lui/elle soit prompte à répondre de manière dynamique aux besoins des élèves.