Enseignement et apprentissage

La prise en charge d’élèves à besoins particuliers ou spécifiques pendant la crise sanitaire

Interviewé :
Membre de l'ESEB 17 Nov 2020

L’inclusion et la scolarisation des élèves à besoins particuliers ou spécifiques fait partie des droits de l’homme. Au Luxembourg, le nombre faible d’élèves scolarisé-e-s dans une école spécialisée indique un taux d’inclusion élevé. Celle-ci est soutenue par différents acteurs, entre autres une équipe de soutien (ESEB). Elle a pour mission d’élaborer et d’assurer une prise en charge pour les élèves à besoins éducatifs particuliers. Mais comment la prise en charge a-t-elle été organisée en temps de crise sanitaire ? Quelles leçons peuvent en être tirées pour l’avenir ? Interview avec une membre de l’ESEB.

Comment avez-vous vécu le confinement/ le déconfinement en tant que membre de l’ESEB?

J’ai assez mal vécu le confinement. Il faut savoir que j’ai intégré l’équipe au mois de décembre 2019 donc je n’avais pas encore, à mon avis, toutes les bases nécessaires pour connaître mes tâches et mon rôle. Lorsque j’ai été informée du confinement je me suis posée beaucoup de questions comme savoir si ma place et le salaire étaient garantis et j’ai ressenti des incertitudes quant à l’avenir de notre société en général.

Le déconfinement s’est mieux passé, car je l’attendais avec impatience mais aussi avec une pointe d’anxiété, car je me demandais comment j’allais retrouver mes repères au milieu de tout ce changement. Les masques et le désinfectant mais aussi la propagation du virus étaient les sujets principaux à mon arrivée. Les classes étaient plus petites, les enfants assis en respectant la distanciation imposée, mais le tout dans une ambiance harmonieuse et sereine.

Le port du masque ne m’a pas empêchée de garder un bon lien avec les enseignants et avec les enfants. Il était difficile parfois de garder mes distances avec les enfants car d’anciens réflexes sont toujours présents mais le message passe bien avec une bonne communication et du bon sens.

Quelle était votre tâche ? De quelle manière la prise en charge d’élèves à besoins particuliers ou spécifiques a-t-elle été organisée ? Qu’est-ce qui a changé ?

La Direction nous tenait informés sur l’évolution de la situation, et petit à petit je comprenais ma nouvelle tâche qui était simplement de rester en contact avec les enfants dont nous avions la charge et de répondre au mieux à leurs besoins. Evidemment, le contact avec les enseignants était très important. Ils étaient ma référence pour avoir des nouvelles concernant les enfants et connaissaient l’évolution de leurs craintes et leurs besoins qui n’étaient peut-être plus les mêmes qu’en temps normal.

La personne de référence de la Direction me demandait très souvent un feedback concernant les enfants et me guidait à distance lorsque j’avais des questions. Je me suis sentie bien épaulée.

Je prenais contact via différents supports comme TEAMS, WhatsApp, mails, SMS et appels téléphoniques. J’ai créé du matériel pédagogique adapté pour un enfant que j’ai amené chez lui avec les instructions et en restant en contact avec le père. Je me souciais de leur bien-être et je faisais comprendre qu’en cas de doute, j’étais là.

Une fois le confinement derrière nous, je me suis de nouveau retrouvée dans les classes. Il faut savoir que chaque enfant pris en charge par l’ESEB a un nombre d’heures attribué par la Commission d’inclusion (CI). Comme nous circulions d’école en école ou de classe en classe, nous avons dû nous adapter à un changement. Avant et pendant le confinement, je m’occupais de trois enfants qui étaient tous les trois dans de différentes écoles. Pour éviter toute propagation du virus, il m’a été imposé de rester une semaine sur deux (système de la semaine A/B) avec deux enfants. La Direction a dû revoir les enfants prioritaires qui allaient continuer de profiter de notre assistance. Les personnes de référence de la CI étaient chargées de rester en contact avec les autres enfants.

Mes horaires d’assistance en classe ont évolué avec la reprise des cours : j’étais présente tous les jours de 8h00 à 13h00.

Quelles leçons peuvent être tirées de cette situation pour l’avenir ? Quelles nouvelles habitudes voulez-vous garder ?

Je pense que la première leçon est notre adaptabilité à tous les changements : port du masque, règles d’hygiène, adaptation des horaires, mais aussi dans nos comportements.

La flexibilité dont nous avons tous fait preuve nous a aidé à accepter et à faire au mieux. Je parle de moi mais aussi des enseignants, des enfants et des parents.

La réduction du nombre d’élèves par classe m’a montré que les élèves sont plus sereins et participent plus volontiers. L’ambiance en général est plus harmonieuse, ceci même et surtout pour les enfants à besoins spécifiques et particuliers.

L’adaptation des horaires était aussi une plus-value car ainsi les enfants restent plus volontiers concentrés.

En tant qu’éducatrice graduée au sein de l’ESEB il est très important de créer et garder le lien avec les enfants que nous prenons en charge. Le confinement et la distance ont été clairement une barrière pour travailler individuellement avec les enfants à besoins spécifiques ou particuliers. Le port du masque est une réalité à laquelle nous allons devoir nous habituer. Les enfants à besoins spécifiques ont besoin de voir notre visage, nos expressions et comprendre ce que l’on dit. Je pense qu’il est difficile de travailler dans ces conditions. De plus, par nos habitudes, il est difficile de garder les distances pour éviter tout contact.

Personnellement, je pense que c’est un apprentissage que nous allons tous devoir faire et nous devrons être créatifs et optimistes pour trouver de nouvelles bases.