Interview avec deux enseignant-e-s du cycle 4 de l’école fondamentale Dellhéicht à Esch/Alzette qui utilisent l’approche du conseil de classe coopératif.
Ens. 1 : Je travaille avec cette approche depuis 2 ans maintenant. Je l’ai choisie car au fil du temps, en observant d’autres classes (qui l’ont aussi instaurée) et en observant ma classe, j’ai pu constater plusieurs choses. Le conseil de classe coopératif permet :
Ens. 2 : Je travaille avec cette méthode depuis 4 ans. La première année le conseil de classe a été introduit par l’enseignant-e d’allemand. J’étais présente à chaque fois pour que les enfants aient deux enseignant-e-s de confiance comme personnes de contact. Comme tout cela a très bien fonctionné dans cette classe et que l’autre enseignant-e a changé d’école l’année suivante, j’ai décidé de continuer à utiliser ce concept.
Ens. 1 : Ce qui semblait difficile au départ c’était le respect des règles. En d’autres mots, pour pouvoir avoir la parole, il faut avoir la peluche (nommée BOB) dans les mains. Uniquement celui ou celle qui a la peluche a le droit de parler et si quelqu’un d’autre parle, un avertissement est donné.
Ce qui était aussi difficile pour les élèves, c’était de parler d’un conflit qu’il y a eu entre quelqu’un de la classe qui n’était pas là (malade). Dans ce cas, les élèves n’ont pas le droit d’en parler puisque l’élève absent n’a pas l’occasion de se défendre. Donc on n’en parle que si et seulement si tous les concernés sont présents.
Un autre petit problème rencontré au départ était que quelques-uns prenaient le conseil de classe pour un règlement de comptes et d’autres avaient l’impression que le conseil virait à une sorte de tribunal.
Bien évidemment, ces points ont été retravaillés afin de garantir un conseil de classe harmonieux sans pour autant juger ou inculper quelqu’un de mauvaise foi.
Ens. 2 : En fait, je n’ai pas rencontré de difficultés dans la mise en œuvre. Je n’ai eu que des expériences positives.
Ens. 1 : Grâce à ce conseil de classe avec lequel au départ les élèves ont eu du mal, on a bien pu travailler ces quelques failles et aujourd’hui je peux dire que la classe fonctionne très bien. Les élèves et moi-même, nous avons appris beaucoup de choses en cours de route, notamment :
Ens. 2 : Les élèves construisent des liens différents entre eux, mais aussi avec moi. Ils résolvent les conflits plus rapidement, les conflits existants dégénèrent moins. Ils apportent des idées sur ce qu’ils aimeraient faire en classe ou en général, ce qu’ils n’aiment pas, etc. De cette façon, je peux aussi me remettre en question et adapter les leçons.
Ens. 1 : Pour ma part, je pense clairement avoir pu améliorer la participation de mes élèves en classe.
J’ai des élèves qui étaient très timides, qui n’osaient pas prendre la parole car ils avaient peur de dire quelque chose de faux ou quelque chose que quelqu’un aurait pu prendre mal. Si aujourd’hui je regarde ma classe, je peux dire qu’aucun élève se sent mal à l’aise. Ils participent tous beaucoup en classe, ils parlent de tout et même lorsqu’à la maison quelque chose ne va pas. Ils ont compris l’importance de parler lorsque quelque chose ne va pas et qu’on a tous le droit à l’expression. Le plus important en classe, c’est que mes élèves aient réellement compris qu’on a le droit de se tromper et que le fait de se tromper nous fait progresser par la suite. Ainsi mes élèves ont totalement perdu leur timidité et sont complètement ouverts envers moi et toute la classe.
Ens. 2 : Les élèves apprennent à exprimer leurs opinions et leurs pensées, à résoudre les conflits de manière autonome et non avec la violence. Les élèves dirigent le conseil de classe de manière autonome et prennent des responsabilités.
Ens. 1 : Lors d’un conseil de classe, l’enseignant-e se voit plutôt comme un guide. L’enseignant-e prend au départ l’animation des premiers conseils puisque c’est encore tout nouveau pour les élèves.
L’enseignant-e sert à :
Donc, en guise de conclusion, une enseignant-e ne devrait en aucun cas intervenir en tant qu’enseignant-e (personne avec plus de pouvoir) mais plutôt en tant que guide, personne de référence et surtout personne de confiance pour les élèves. En tant qu’enseignant-e cette étape s’avère très importante à mes yeux si on veut que nos élèves se sentent à l’aise et si on veut que les élèves sortent un peu plus de leur carapace.
Car un conseil de classe est pour moi un projet d’équipe. Pourquoi projet ? Ce conseil de classe, je l’instaure toujours au début du cycle et il s’étend jusqu’à la fin. Avec le temps les élèves s’ouvrent plus, ont plus confiance et se sentent de plus en plus à l’aise.
Ens. 2 : Au début de l’année avec une nouvelle classe, l’enseignant-e explique à quoi sert le conseil de classe et comment il fonctionne. Il/elle anime le groupe et aide les élèves à trouver des solutions. Progressivement, les élèves mettent en place le conseil de classe, l’enseignant-e se retire du cercle, écoute et n’intervient que sur les questions qui le concernent ou pour lesquelles les élèves ne trouvent pas de solution.
Ens. 1 : Selon moi, l’approche d’un conseil de classe constitue DEFINITIVEMENT une approche intégrative au sein de l’établissement scolaire.
Ens. 2 : Un événement ponctuel.