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L’enseignement à distance à l’étranger – La situation en Belgique

Martine Lehnen 15 Fév 2021

La plupart des pays et leurs systèmes éducatifs ont été catapultés en situation de crise avec la propagation de la pandémie. Une situation inattendue lors de laquelle les gouvernements et leurs ministères ont dû faire preuve d’actionnisme. Alors qu’au niveau de l’éducation, les moyens mis en place pour permettre la continuité pédagogique étaient semblables dans beaucoup de pays, c’est surtout au niveau du déconfinement que les procédures se diversifient. Comment la Belgique s’est-elle organisée au niveau éducatif pendant la crise sanitaire ? Un aperçu global sur les modalités mises en place dans notre pays voisin pendant et après le confinement.

 

La chronologie (mars 2020 – décembre 2020)

Le 12 mars 2020, la Belgique compta près de 400 cas de coronavirus et le gouvernement déclara la fermeture des établissements scolaires jusqu’au 3 avril au moins. Un accueil fût tout de même proposé dans certains établissements pour prendre en charge les enfants du personnel médical. La première ministre à l’époque, Sophie Wilmès, a toutefois expliqué que les crèches resteraient ouvertes. La Belgique souhaitait éviter tant que possible un confinement total. Quelques jours plus tard, le 17 mars, Sophie Wilmès déclara finalement le confinement de la Belgique. Comme la suspension des cours avait déjà été annoncée quelques jours plus tôt, les écoles n’ont pas été confrontées à des changements additionnels. La situation n’a pas changé pour les crèches.

Le 27 mars, Sophie Wilmes s’adressa à nouveau  à la nation Belgique et annonça que les mesures seront renforcées et prolongées provisoirement jusqu’au 19 avril. Quelques semaines plus tard, le 5 avril, les mesures sont encore une fois prolongées jusqu’au 3 mai. Les enseignant(e)s belges et leurs élèves étaient donc également forcés à l’enseignement à distance pendant ces plusieurs semaines confinées.

A partir du mois de mai, les écoles commençaient progressivement à reprendre les cours, mais les procédures étaient différentes selon la région. En Wallonie, seuls les élèves de 6e primaire et 6e secondaire sont retournés à l’école le 18 mai avec un maximum de deux jours de classe par semaine. Le retour à l’école s’est fait dans le respect de règles strictes : pas plus de 3 années scolaires ouvertes en même temps, pas plus de 10 élèves par classe, un strict respect des distances et le port du masque obligatoire pour les enfants de 12 ans ou plus.

Le 25 mai, les élèves de la 1ère et 2ème année primaire ont pu suivre les cours, mais uniquement pour un jour par semaine au maximum. Les élèves de 2ème secondaire sont également retournés à l’école pendant 2 jours par semaine.

En Flandre, les modalités du retour à l’école étaient légèrement différentes. A partir du 15 mai, les écoles flamandes ont réouvert leurs portes. En ce qui concerne l’enseignement primaire, le retour à l’école n’était prévu que pour les élèves de la première et deuxième année primaire à raison de quatre jours par semaine et de deux jours par semaine pour les élèves de la sixième année primaire. Au niveau de l’enseignement secondaire, seules les classes de 6ème et 7ème sont retournées dans leur classe pendant au maximum un jour complet par semaine.

Le 2 juin, toutes les écoles maternelles ont finalement à nouveau accueilli leurs élèves. Le port du masque chez les petits n’a pas été obligatoire, ni le respect des distances. Le 8 juin, c’était au tour des écoles primaires de réouvrir leurs portes à tous les enfants. Les enfants du primaire n’étaient pas non plus obligés de porter un masque, mais le port du masque était fortement recommandé aux enseignant(e)s, surtout dans les cas où la distance n’a pas pu être respectée.

Après les vacances d’été, tous les enfants sont retournés à l’école le 1er septembre pour cinq jours par semaine. Plusieurs écoles sont toutefois restées fermées dès la rentrée pour cause de potentielles infections. En date du 18 septembre, 6 écoles ont à nouveau refermé leurs portes. Entre le 5 et le 11 octobre, près de 9500 élèves/étudiants et 575 membres du personnel des écoles ont été mis en quarantaine.

Comme le nombre d’infections ne cessait d’augmenter, la Belgique annonça un nouveau confinement de 6 semaines à partir du 2 novembre. Les écoles primaires restèrent fermées jusqu’au 15 novembre. Au niveau de l’enseignement supérieur, les cours étaient organisés à distance jusqu’à mi-décembre, sauf pour les 1er BAC et les cours pratiques. Le 16 novembre, les élèves des écoles maternelles, primaires et du premier degré du secondaire sont retournés à l’école à temps plein avec des mesures sanitaires strictes en code rouge. Les élèves du deuxième degré, c.-à-d. à partir de la troisième année du secondaire ont découvert l’enseignement hybride :

Le système hybride, c’est l’idée que les écoles vont devoir organiser un apprentissage en deux temps. Certaines choses vont être apprises, par les élèves, en classe, comme d’habitude, en présentiel, on dit. Tandis que pour une partie du temps les élèves seront à la maison et continueront d’apprendre soit avec l’aide à distance de l’enseignant, soit peut-être, en plus grande autonomie. (Eric Daubie, Secrétaire general de la Fédération de l’enseignement secondaire catholique (FESEC))[1]

Ce roulement est resté en place jusqu’aux congés de Noël. En date du 2 décembre, la ministre de l’Enseignement, Caroline Désir, a annoncé que la rentrée en janvier aura également lieu en code rouge. Toutes les mesures resteront en vigueur jusqu’au 15 janvier au minimum. A la mi-janvier, la situation sera réévaluée pour adapter, si nécessaire, les modalités en cours.

 

L’enseignement à distance

Avec l’annonce d’un confinement, les enseignant(e)s  belges se sont retrouvé(e)s  face au même défi que les enseignant(e)s  luxembourgeois : trouver un moyen, voire un outil adéquat pour assurer la continuité de leurs cours, sans pour autant mettre trop de pression sur les élèves, ni sur soi-même. Alors qu’au Luxembourg, tous les enseignant(e)s  ont dû s’approprier l’outil Microsoft Teams, les enseignants en Belgique avaient la possibilité d’utiliser la plateforme “Happi”[2] (Hybridation des APPrentissages Interactifs); une plateforme d’enseignement à distance pour les établissements d’enseignement obligatoire. Happi est mis à disposition, à titre subsidiaire, de tous les établissements de l’enseignement obligatoire de la Fédération Wallonie-Bruxelles qui en font la demande. Happi est une plateforme basée  sur Moodle, qui permet des activités d’enseignement à distance et qui peut donc s’intégrer dans le cadre d’un enseignement hybride. La plateforme offre des outils de création de contenus pédagogiques sous format numérique ainsi que des outils de suivi des apprentissages (carnets de notes, différenciation, etc.), des outils de communication entre enseignant(e)s  ou  entre enseignant(e)s  et élèves ainsi que  des possibilités de partage de ressources.

Les établissements ont une grande liberté pour structurer leur propre environnement avec cette plateforme. Happi est destinée à être développée  ; il ne s’agit pas d’une solution limitée à la durée de l’enseignement à distance lié au COVID19 , mais la plateforme est régulièrement mise à jour pour que les établissements puissent en profiter sur la durée.

Évidemment, pour organiser leurs cours et favoriser les échanges entre élèves et entre enseignant(e)s et élèves, beaucoup d’enseignant(e)s ont pris recours aux vidéoconférences, que ce soit via la plateforme Happi ou autres. Depuis la rentrée en septembre, les vidéo-conférences sont notamment une solution utilisée régulièrement pour permettre aux élèves en quarantaine de se joindre au cours en classe. Les enfants en quarantaine sont donc appelés sur leur smartphone ou leur ordinateur et peuvent ainsi suivre le cours de l’enseignant(e) en classe en direct. Encore faut-il pour cela avoir un ordinateur dans la salle de classe, ainsi qu’un réseau internet qui rend possible une telle connexion.

 

L’encadrement des enfants pendant le confinement

Afin de garantir au mieux une certaine continuité dans les apprentissages des élèves pendant le confinement, différentes actions de soutien ont été lancées. Les enfants francophones belges ont notamment pu profiter des services français mis en place, comme par exemple les programmes de France 4. La chaîne de télévision française, qui propose habituellement des émissions familiales, avait adapté son programme pour les enfants et a lancé des cours télévisés pour accompagner les élèves du primaire ou du secondaire en confinement. D’autres chaînes de télévision ou de radio ont développé des programmes similaires, comme la RTBF ou la VRT avec des programmes s’adressant exclusivement aux enfants.

Plusieurs dispositifs en ligne ont également aidé les enfants et les enseignant(e)s à assurer la continuité pédagogique. Ainsi, la Fédération Wallonie-Bruxelles, qui propose généralement une solution e-learning pour se préparer aux épreuves certificatives de niveaux primaire et secondaire, a mis à disposition différents supports pour aider les élèves et leurs parents à réviser et consolider les acquis durant la période de confinement.

Une autre ressource riche en contenu et précieuse pendant le confinement était le site enseignons.be. Il s’agit d’une plateforme proposant diverses ressources pédagogiques et même des cours en ligne. L’accès et l’utilisation de base sont gratuits, mais les utilisateurs ont la possibilité de demander un soutien supplémentaire de remédiation scolaire qui est toutefois payant.

De même, la maison d’édition Dupuis a essayé de distraire les enfants et les adolescents pendant le confinement en proposant un accès gratuit à une multitude de bandes dessinées en ligne.


[1] https://www.rtbf.be/info/societe/onpdp/detail_apres-les-conges-de-la-toussaint-un-retour-sur-les-bancs-d-ecoles-inhabituel-pour-certains?id=10629540
[2] https://happi.cfwb.be/login/index.php
Pour aller plus loin